La Route - Cormac McCARTHY

Titre : La Route (The Road)
Auteur : Cormac McCARTHY
Edition : Points
Genre : Contemporain (drame)
Résumé :
L'apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres. Un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d'objets hétéroclites et de vieilles couvertures. Ils sont sur leurs gardes car le danger peut surgir à tout moment. Ils affrontent la pluie, la neige, le froid. Et ce qui reste d'une humanité retournée à la barbarie. |
Mon avis : "La Route" fait partie des romans qui peuvent être qualifiés d'incontournables. Je souhaitais, depuis l'année dernière, le
découvrir mais j'hésitais face aux avis partagés ; enfin prête, je me suis lancée et j'ai vraiment bien accroché (à 'la route', oui oui ! lol)
Je m'y attendais mais il faut savoir que la narration de ce roman est tout à fait particulière. Je pense qu'on peut d'ailleurs adresser des félicitations au traducteur François Hirsch qui a du faire un long travail pour coller à celui de Cormac McCarthy.
Le ton est monocorde et la ponctuation est minimaliste. Les dialogues se mêlent à la narration. La routine et le vide ressortent vraiment au travers de cette écriture.
Mais ne vous y trompez pas, les émotions n'en sont pas moins présentes ; elles sont même d'avantage subtiles, si bien que je les ressentais bien plus à chaque fois que je refermais ce livre. Je croyais ne pas pleurer car une distance persiste entre le lecteur et les personnages, et pourtant, la fin rend les larmes inévitables.
"[...] les nuits étaient longues et sombres et froides plus que tout ce qu'ils avaient connu jusqu'à présent. Froide à faire
éclater les pierres. A vous ôter la vie. Il serrait contre lui le petit qui grelottait et il comptait dans le noir chacune de ses fragiles respirations."
Pourquoi une telle distance entre le lecteur et les personnages ? eh bien parce qu'ils n'ont pas de prénoms et donc aucune identité ; ils ne sont que 'l'homme' et 'le petit'. Un choix judicieux qui crée une distance, certes, mais permet aussi à chacun de s'identifier à eux ; incroyable non !
Au travers de ces deux personnages, Cormac McCarthy nous fait passer un message très touchant sur la relation entre un père et son fils. Ce père qui ne vit plus que pour la vie de son fils et qui lui voue un amour inconditionnel, bouleversant. Ce qui est très déroutant, c'est que son fils ne comprend pas vraiment le sens de la vie... pas jusqu'à la toute fin sans doute... La transmission père/fils est également un point central de ce roman.
"Toi, tu racontes toujours des histoires qui finissent bien. [ndlr : le petit]
Tu n'as pas d'histoires qui finissent bien ? [ndlr : l'homme]
Elles sont plutôt comme la vraie vie.
Mais mes histoires à moi ne le sont pas.
Tes histoires à toi ne le sont pas. Non.
L'homme l'observait. La vraie vie est très cruelle ?
Qu'est-ce que tu crois ?
Eh bien je crois qu'on est toujours là. Il nous est arrivé pas mal de mauvaises choses mais on est toujours là.
Ouais.
Tu ne trouves pas ça tellement formidable.
J'en sais rien."
Pour l'histoire, je n'ai rien à ajouter au résumé. Il se passe peu de choses dans ce roman mais il s'en passe quand même. Dès que le vide semble s'installer, un évènement intervient. Et surtout, dès qu'on commence à l'oublier, la mort refait son apparition et nous rappelle qu'elle est la seule porte de sortie.
Qu'on se le dise, je pense que "La Route" est une métaphore de la vie, de cette route que l'on suit inlassablement, franchissant les obstacles, mangeant, dormant, nous dirigeant toujours vers un avenir inconnu. Le destin, le sens de la vie pour ces deux hommes qui savent à peine d'où ils viennent et n'ont que leur imagination et leur espoir pour se représenter où ils vont.
Pourquoi ne pas penser également à une représentation de la fin d'une espèce, la toute puissance de la Terre... bref, les
messages sont nombreux et tout à fait personnels, comme chaque lecture d'ailleurs.
Pour conclure, "La Route" a été une lecture puissante et bouleversante, je ne m'y suis absolument pas ennuyée et je risque de m'en souvenir très longtemps.
Réalisé par John Hillcoat en 2009 avec Viggo Mortensen et Kodi Smit-McPhee dans les rôles principaux.
Je n'ai pas été totalement convaincue par cette adaptation ; certes l'ambiance y est, certes, certains messages passent mais je trouve que le jeu d'acteur de Viggo Mortensen est desservi par celui du petit, qui ne fait passer aucune émotion. Je l'ai vu en VF, peut-être cela tient-il au doublage.... je ne sais pas.
Toutjours est-il que l'émotion n'est pas passée...